Exposition Idoles, de Damien Deroubaix

Damien Deroubaix
IDOLES

La galerie La Mauvaise Réputation présente Idoles, une exposition de l’artiste peintre graveur et sculpteur français Damien Deroubaix. Idoles est orchestrée par Rainier Lericolais qui sachant capter, comme personne, les résonances subtiles entre le son et l’image, a trouvé dans les œuvres de Damien Deroubaix un écho à ses propres expérimentations, mais, du côté de la matérialité et du chaos.
Damien Deroubaix est également à l’affiche d’une exposition au Musée Goya de Castres, La vida es sueño où il dialogue avec les œuvres du maître espagnol sur le thème de la folie et de l’inconscient. Il poursuit en quelque sortes la conversation dans Idoles où l’on pourra voir Time, une grande peinture où les chauves-souris, symboles cauchemardesques dans l’œuvre de Goya, réapparaissent comme figures obsédantes, portant l’empreinte des peurs et des pulsions enfouies, s’accrochant furieusement à l’horloge du temps qui passe. La résonance avec Goya et son tableau Le Sommeil de la Raison Engendre des Monstres, crée ici un écho troublant entre ces deux visions de l’obscurité humaine.
L’exposition Idoles propose une immersion intense dans l’univers de Damien Deroubaix. Ses œuvres percutantes y plongent le spectateur dans un univers mêlant tout à la fois brutalité et sacré, destruction et rédemption.
Damien Deroubaix a étudié à Saint-Etienne et en Allemagne et s’est rapidement imposé sur la scène contemporaine avec un travail viscéral, à la croisée des influences de Francis Bacon, de Jérôme Bosch, de Dürer, d’Holbein ou des dadaïstes mais aussi celles des pulsations du Hard Rock et du Metal. Ses œuvres font partie des plus grandes collections nationales, celle du Musée d´art Moderne de Saint-étienne , du MAMC Strasbourg, des Frac Midi-Pyrénées, Limousin et Basse Normandie, du FNAC, du CNAP, du Musée du dessin et de l’estampe originale de Graveline… et des grandes collections internationales, entre autres celles du Museum of Modern Art de New York, du Centre Pompidou Paris, du MUDAM au Luxembourg, du Saarlandmuseum de Saarbrücken, du Museu Coleçao Berardo de Lisbonne, du Albrecht-Dürer-Haus-Stiftung de Nuremberg, du Kunstmuseum de St Gallen.
La pratique artistique de Damien Deroubaix est marquée par une grande diversité de formes et de techniques : peinture à l’huile, aquarelle, gravure, tapisserie, panneaux de bois gravés, mais aussi sculpture et installations. Ses peintures à l’huile mêlant collages et textures denses ouvrent les portes d’un univers chaotique où la matière et les corps se confrontent. Les dessins à la sanguine ou au fusain, tendus et incisifs, capturent des états de convulsion extrême. Tout son travail est traversé par une énergie brute, qui rappelle l’intensité du Metal de Black Sabbath, de Slayer où la violence devient une force créatrice. Son univers emprunte également à l’iconographie médiévale et n’est pas non plus sans rappeler les atmosphères cinématographiques de réalisateurs comme David Cronenberg, où le corps et la psyché se désagrègent dans des visions surréalistes et inquiétantes. En observant ces personnages aux corps dévêtus déformés ou amputés on est également du côté de la pensée développée par Georges Bataille à propos de la fascination humaine pour l’obscur et le transgressif. Ici, elle prend incontestablement le dessus, questionnant sans effrois les limites de la chair et de l’esprit, explorant avec fougue la transgression et la fascination pour l’abîme humain.
Idoles est une exposition conçue comme une exploration totalement médusante, au plus près des forces obscures qui façonnent notre rapport au sacré et à la matière. Chaque dessin, chaque peinture nous renvoie à nos propres questionnements sur la nature de l’homme et à sa place dans un monde d’ombre et de lumière en perpétuelle destruction. Une exposition où l’idole vacille sans cesse sur le bord de la commode, révélant inlassablement les noirceurs, les profondeurs de l’âme. Une exposition ouvertement apocalyptique.
Florence Beaugier Piovesan