Ce tableau met à l’honneur deux femmes artistes du XIXe siècle : la célèbre artiste animalière d’origine bordelaise Rosa Bonheur (1822-1899) et son amie George Achille-Fould. Cette portraitiste issue d’une famille d’artistes et d’écrivains a choisi de représenter son modèle dans l’atelier de sa propriété de By, non loin de Barbizon.
Célébrée internationalement de son vivant, mais en marge du système académique notamment aux Etats-Unis, Rosa Bonheur fut la première femme peintre à recevoir la Légion d’Honneur en 1865.
Assumant son homosexualité, à une époque pétrie de conventions bourgeoises, elle s’imposa dans un genre longtemps réservé aux hommes, volant la vedette à d’autres peintres animaliers contemporains comme Troyon et Brascassat.
Ce tableau la représente en train de peindre, au crépuscule de sa vie, vêtue de sa blouse d’atelier et de son pantalon dont un arrêté préfectoral annuel lui autorisait le port exceptionnel. À gauche, on peut reconnaître « La Foulaison du blé en Camargue », un tableau resté inachevé et conservé également dans les collections bordelaises.
Le musée des Beaux-Arts de Bordeaux a le projet de consacrer une rétrospective à Rosa Bonheur en 2022, année du bicentenaire de sa naissance…à Bordeaux !
Cette scène évoque le viol de Lucrèce par Tarquin relaté dans les histoires romaines de Tite-Live, Ovide et Boccace. Le double drame de Lucrèce qui provoqua à Rome la chute de la royauté étrusque des Tarquin en faveur de la République. Ce récit a inspiré de nombreux artistes. Mais de manière générale, les peintres ont préféré évoquer le suicide de Lucrèce, nœud de la tragédie, plutôt que son viol.
À ce titre, l’approche de Titien est donc inaccoutumée. Au-delà de son statut de chef-d’œuvre (signature et provenance prestigieuses), ce tableau fait aussi écho aux questions sociétales contemporaines liées aux violences faites aux femmes et s’inscrit à ce titre dans le parcours Egalité Filles/Garçons mis en place en 2016 par le Service des publics du musée.
Le thème antique du viol de Lucrèce - archétype de la femme bafouée - par Tarquin est traité avec une rare intensité dramatique, magnifiée par l’expressivité du chromatisme, domaine d’excellence de Titien et de l’Ecole vénitienne. Bien qu’ayant souffert dans l’incendie de l’Hôtel de ville de Bordeaux qui abritait autrefois le musée, ce tableau est l'une des plus belles versions de ce sujet. Il a fait partie de collections royales et princières prestigieuses, dont celles de Charles Ier d’Angleterre, du cardinal Mazarin et de Louis XIV.
« À la fin de la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses œuvres récupérées en Allemagne ont été renvoyées en France parce que certains indices (archives, inscriptions, etc.) laissaient penser qu'elles provenaient de là », explique Sophie Barthélémy. La plupart d'entre elles ont été rapidement restituées à leurs propriétaires spoliés par les Nazis. D'autres furent confiées à la garde des musées nationaux.
Elles constituent ce qu'on appelle des MNR (Musées Nationaux Récupération). À ce titre, ces œuvres ont un statut particulier : l’Etat n'est en réalité que le détenteur provisoire de ces tableaux. En effet, ces créations sont toujours en attente de restitution et doivent donc être présentées en permanence, au cas où le propriétaire ou l’un de ses héritiers viendraient à reconnaître l’une d’entre elles.
Ce tableau-là est signé Joshua Reynolds, « l’un des plus grands artistes anglais de sa génération », affirme la directrice du musée des Beaux-Arts de Bordeaux, qui nous apprend que le modèle est Richard Robinson, primat de l’Église anglicane d’Irlande. « Ce n’est pas la première fois qu’il passe commande à Reynolds. Mais ici, Robinson est représenté en pied et le portrait est ambitieux », précise-t-elle.
L’habit épiscopal a été troqué pour un vêtement d’extérieur sobre, mais raffiné. « Une représentation inédite pour son temps puisqu'au XVIIIe siècle, les portraits d’évêques représentés à la manière de gentleman étaient très rares », nous dévoile Sophie Barthélémy.
Une œuvre que vous pourrez admirer lors de la saison britannique du musée organisée à la fin du mois de mai 2020.
« Collaboratrice pendant plusieurs années de la collection littéraire Folio plus, j’avais choisi ce chef-d’œuvre des collections bordelaises pour illustrer « Boule de Suif » de Maupassant", précise Sophie Barthélémy. « J’ignorais alors que ma carrière me conduirait un jour à la direction de ce musée ! », s'étonne-t-elle. Avant de préciser qu'elle avait « toujours été personnellement intéressée par les liens entre peinture et littérature et ce tableau s’inspire justement, bien que très librement, d’un poème éponyme de Musset ».
Icône de la peinture académique et de l’histoire de la prostitution au XIXe siècle, « Rolla » fait scandale au Salon dont il fut exclu. Le sujet est jugé indécent non pas en raison de la nudité du modèle conforme aux canons académiques de l’époque mais, pour reprendre l’expression de l’artiste, en raison de « l’amoncellement du linge féminin près de la chair nue d’une femme ».
Au-delà de sa dimension polémique et de sa charge éminemment érotique, ce tableau frappe aussi par son ambivalence stylistique, à mi-chemin entre les recherches novatrices de l’impressionnisme et l’académisme bourgeois dont Gervex avait hérité de son maître Cabanel. Cet éclectisme intriguait d’ailleurs ses contemporains qui lui reprochaient d’être ‘’un moderne pas assez moderne’’.
Ce tableau a figuré parmi les 30 prêts du monde entier choisis par le musée d’Orsay à l’occasion de la célébration de son 30e anniversaire en 2016.
« Buland est un artiste très peu représenté dans les collections publiques françaises ; ce qui fait la rareté de ce tableau singulier et fascinant », explique la directrice du musée des Beaux-Arts de Bordeaux.
Une exposition, organisée en 2007-2008 par les musées de Quimper, Carcassonne, Chartres et Charleville-Mézières, a permis de redécouvrir cet artiste hyperréaliste avant l’heure. « C’est d’ailleurs au musée des Beaux-Arts de Quimper, où j’ai débuté ma carrière de conservateur en 1992, que j’ai découvert pour la première fois cet artiste et sa toute aussi énigmatique Vierge de Bénodet », révèle Sophie Barthélémy.
Véritable chroniqueur des mœurs de la société rurale de son temps, Buland se révèle aussi un psychologue subtil. À mi-chemin entre réalité et illusion, peinture et photographie, le tableau frappe le visiteur par l’ambiguïté étrange qui se dégage de l'expression froide des personnages, figés dans une tension toute en retenue.
La réalité, recomposée en atelier, n’est qu’apparente. Ces héritiers désillusionnés semblent être les héros d’un drame théâtral, impression renforcée ici par le cadrage serré de cet étouffant et glacial huis clos familial.