Lorsqu’on interroge Yvan Detraz on est marqué par l’enthousiasme du co-fondateur du Bruit du Frigo. L’idée qui prévaut chez ce concepteur, défricheur de sentiers urbains : amener les Bordelais dans des espaces communs délaissés, des espaces sans fonctions et tous situés dans la toute proche périphérie de la Métropole, à portée de pieds en somme. L’auteur de Zone Sweet Zone s’intéresse depuis plus de 20 ans à ces espaces hybrides, traversés pas les routes et leurs voitures aveugles dont il dit qu’ils sont des endroits méconnus propices à l’aventure.
Les chemins de chèvres et autres sentiers, tous cartographiés par Yvan, permettent en réalité, tenez-vous bien, de parcourir sinueusement, aventureusement 300 kilomètres, tout en gardant constamment Bordeaux en point de mire. Un tour de la cité pourra, quant à lui, être réalisé en neuf jours. Il fallait une âme d’arpenteur humboldtien à ce loustic pour imaginer ce type de pérégrinations, à l’époque sans GPS ou applications numériques. Yvan garantit aux marcheurs une diversité paysagère, floristique, faunistique et patrimoniale.
S’il devait recommander une balade parmi mille, sans hésiter ce dernier explique qu’il commencerait par le Parc des Coteaux. 25 kilomètres de chemins et près de 1000 mètres de dénivelés cumulés. Une entrée en matière parfaite pour une population bordelaise encline à préférer l’autre rive, avec un tropisme naturel océanique. « Je conseille de prendre le Bat3 jusqu’à Lormont » qui vous permettra de vous glisser immédiatement dans la peau du micro-excursionniste urbain. Une rapide montée dans le Vieux Lormont, par la rue du Général de Gaule et vous prendrez à droite de l’église pour accéder au Parc de l'Ermitage par la délicieuse rue du Kiosque – un peu pompeusement nommée petit Montmartre. Bientôt des chèvres à votre droite et à quelques mètres à peine l’entrée du parc. Le site permet des heures de déambulations autour de son plan d’eau et de ses belvédères vous aurez une vue imprenable sur Bordeaux, son fleuve incourbé. Une occasion rare d’embrasser l’horizon là où la cité n’offre pas de points de vue culminants.
« La marche est au cœur de ma pratique et de mon inspiration », nous dit Olivier Bleys ! L’homme de lettres, qui n’en est pas à son coup d’essai, a pris le départ en 2010 d’un tour du monde à pieds par étapes qu’il poursuit d’année en année, il comptabilise également une trentaine de tours de villes à pied, dont les 46 kilomètres de Bordeaux, effectués dans les limites administratives de la cité. Il met en avant la notion d’aventures de poche dans des zones que l’intensification urbaine n’a pas comblées et qui sont souvent aveuglément enjambées.
Ce touche à tout doué s’attache à transcender son quotidien à travers des pérégrinations urbaines quotidiennes : « Je marche cinq à dix kilomètres tous les jours, me complique volontairement le quotidien en allant chercher mon pain ailleurs que dans la rue d’à côté ». Les déambulations sont parsemées d’obstacles mais proposent, selon lui, toujours des surprises. Il évoque ainsi avec gourmandise ces endroits qui à quelques encablures de Bordeaux ressemblent à la campagne, comme à Bouliac, sur le chemin de Bastard, face à l’île d’Arcins où une petite route flanquée de la piste cyclable Roger Lapébie longe de splendides demeures face à la Garonne.
À l’évocation de son escapade urbaine préférée, il cite tout de go le circuit des deux ponts, d’un peu plus de 20 kilomètres. Une randonnée qui le fait partir de Saint Genès en matinée pour descendre par la rue François de Sourdis vers le siège de la région, passer par le quartier Meriadeck, au niveau des dalles pour jouir d’un point de vue surplombant. Pérégrination poursuivie par la place de l’église Sainte-Eulalie et les petites rues du centre jusqu’au pont de pierre, franchi dans la foulée. À gauche il pique vers le quai des Queyries en faisant un crochet vers l’intérieur pour traverser le jardin botanique et un second pour goûter la bière brassée localement de Darwin. Il poursuit sa déambulation le long du quai de Brazza jusqu’au parc de l'Ermitage. L’arrivée à Lormont coïncide avec le temps du déjeuner place Aristide Briand. Le retour est effectué par le Bat3 qui le dépose à la Cité du vin. La boucle s’achève par les bassins à flot, le parc Rivière, le jardin public, les ruines du palais Gallien et le cimetière de la Chartreuse… À vos godillots citadins car comme l’assène joyeusement Olivier Bleys : « Il n’y a pas de tour de ville ennuyeux !».
Dominique Busnel est chargé d’itinérance touristique à la Métropole et à ce titre un acteur important de la valorisation du territoire. On s’en doute, le cartographe et l’expert en itinérance est un défenseur enthousiaste de toutes les locomotions douces. Celles qui donnent envie d’avoir envie de goûter à l’aventure en milieu urbain et périurbain. On imagine aisément que l’homme affable œuvre à une convergence des luttes entre les différentes formes d’itinérances douces pour des usagers qui emprunteraient indifféremment les emblématiques chemins de Grandes Randonnées et la véloroute des Canal des 2 mers.
S’il endosse souvent un costume de médiateur pour travailler par exemple au prolongement du GR® ou encore créer une boucle oeno-cycliste dans le Médoc, il se sait soutenu par les mairies, les publics en recherche de micro-aventures. Les marquages de la voie de Saint Jacques, du parcours UNESCO, les balades animées sont quelques-uns des autres projets portés par Dominique. Faire connaitre les 160 kilomètres de chemins de Grandes Randonnées qui traversent la métropole reste, c’est certain, un objectif majeur du cartographe. Voilà pourquoi ce dernier imagina des moments festifs autour de la découverte de tronçons du GR, dont ceux organisées les 19 et 20 juin à Mérignac avec des boucles prévues pour aller déguster les vins des châteaux Pique-Caillou et Luchey Halde.
À la question de son escapade de prédilection, Dominique Busnel porte son regard sur la rive gauche et nous amène le long de l’axe de la piste cyclable Bordeaux – Lacanau sur les communes de Saint Médard en Jalles et du Haillan avec en point de mire les refuges du Haut Perché et de la Station Orbitale, le bois du Déhès, la mystérieuse clairière aux asphodèles et la zone de captage des sources de Thil-Gamarde destinées à approvisionner la Métropole en eau potable.
Cette boucle des sources, d’à peine une dizaine de kilomètres, absorbable par n’importe quel quidam en une demi-journée, promet un beau moment de flânerie en forêt, un surprenant parcours dans des zones inédites. Qu’attendez-vous pour vous rendre en terres inconnues à quelques pas de chez vous ?