Un seul sentier de 2,5 km aller-retour (en accès libre du samedi au mercredi de 10 h à 18 h), et des postes d'observations de loin en loin, postés en bord de lac : « Et là, une pie-grièche écorcheur qui nourrit ses jeunes. Il y en a 30 à 40, c'est une des plus belles populations en France. »
Là où on n'a vu qu'un bête piaf qui volette au hasard, Stéphane Builles montre une rareté que l'on ne voit pas ailleurs qu'ici sur la Métropole. C'est pour ça qu'une fois par mois, la réserve organise pour le public une visite guidée, gratuite mais limitée à douze personnes. Sans cela, les amateurs de faune sauvage ne pourraient pas profiter des 32 couples de cigogne qui logent ici, notamment.
Pour le profane, l'endroit est seulement apaisant : le ronronnement continuel de la rocade peut passer, avec un effort d'imagination, pour la houle de mer et seul le passage régulier des avions en approche de l'aéroport vient rappeler que ce havre de paix est une incongruité.
Car le lieu est le dernier témoin des plus de 3000 ha de marais et de prairies humides des « Grands marais de Bordeaux » qui, des portes du Médoc au Grand-Parc, assuraient il y a 60 ans la frontière nord de la Métropole.
C'est en 1983 que l'ancien maire de Bruges, face à l'urbanisation galopante, a décidé de sanctuariser cet espace, dernier témoin d'un paysage né sous Henri IV, lorsque les marécages impénétrables qui longeaient la Garonne et l'estuaire furent canalisés pour laisser place à ce délicat enchevêtrement de paysages verdoyants. Où faune et flore aux noms imprononçables se mêlent pour créer une parenthèse urbaine.