C’est un homme passionné, à qui l’on doit aujourd’hui la plus grande collection de plantes tropicales et subtropicales de la région Nouvelle-Aquitaine, avec plus de 3 500 plantes et de 1000 espèces, présentées sous l’immense serre de 1300 mètres carrés du site du Bourgailh, à Pessac.
Un univers végétal étonnant et fascinant auquel Jean-Pierre Pelegry, 63 ans, est particulièrement attaché. Et pour cause.
« C’était ma collection privée que j’ai réalisée pendant plus de 40 ans. J’avais commencé avec des bégonias et des passiflores et puis la "maladie" a fait que je me suis retrouvé envahi de plantes », explique-t-il avec le sourire.
Après avoir géré pendant quelques années une serre privée, sur la commune de Cadaujac, cet horticulteur de formation avait fait don de sa collection à la ville de Pessac. C’était en 2000. À l’époque, la serre était chauffée grâce à d’importantes installations de captage du biogaz (issu de la décomposition des déchets) sur la colline qui avait accueilli la décharge communautaire de l’agglomération bordelaise entre 1981 et 1991.
« Au fil des années, les émanations de biogaz ont été limitées et la serre est aujourd’hui chauffée grâce à une chaudière à bois, avec des pellets qui sont issus des forêts de la Nouvelle-Aquitaine », précise-t-il.
Cactus mexicains, bégonias, plantes carnivores, orchidées, baobabs, agaves, frangipaniers… La serre présente des plantes de toutes les forêts tropicales et des déserts du monde.
« On a aussi des plantes succulentes. Cela ne veut pas dire qu’elles sont bonnes à manger mais qu’elles sont grasses et pleines d’eau », explique Jean-Pierre Pelegry.
« Elles ont des tissus qui sont remplis d’eau pour leur permettre de tenir les périodes sèches et très chaudes », poursuit Maxime Le Rouzic, son jeune collègue, lui aussi passionné par toutes ces plantes dont il faut prendre le plus grand soin.
« C’est un peu la difficulté. Dans un seul endroit non cloisonné, on a des plantes qui ont des besoins complètements différents.
Il y en a certaines qu’il faut arroser copieusement, d’autres non, certaines qui ont besoin de beaucoup de soleil, d’autres que d’ombre », explique-t-il sous le tillandsia, une plante épiphyte qui se développe sur le continent américain, où elle pend notamment aux branches d’arbre : « on reconstitue les milieux pour montrer comment les plantes se sont adaptées à ce milieu-là » !
Jean-Pierre Pelegry, lui, considère presque les plantes comme ses « enfants » qu’il a fait naître et vu grandir.
« On s’en occupe, on les arrose, on les soigne, on les taille, on les attache, on fait tout ce qu’on peut pour les présenter au mieux de leur forme, qu’elles soient jolies », assure-t-il.
« Elles se sont adaptées pour vivre dans des milieux extravagants, elles ont des formes curieuses, étranges, des floraisons plus ou moins spectaculaires. C’est une grande richesse, c’est ça qui me plait ».
À l’extérieur, le duo s’occupe également d’un potager pédagogique, ouvert au public pendant la saison d’ouverture du site, entre avril et octobre. Selon les périodes de l’année, on y trouve notamment des tomates, des courges, des haricots, des plantes aromatiques.
« Cette année, on va présenter des légumes un peu hors du commun, avec des couleurs et des formes originales que l’on n’a pas l’habitude de voir. Des aubergines orange, des courges triangles et bleues, des concombres serpents. Il y aura de l’originalité », annonce Maxime Le Rouzic, sans tout révéler.
Une fois par mois, une visite guidée de la serre est proposée au public pour lui permettre de découvrir les plantes, les sentir, les toucher. Les jardiniers, expérimentés ou en herbe, recevront de précieux conseils. Comme chaque année, une exposition thématique sera aussi visible devant la serre, avec une présentation des plantes qui vivent dans des milieux extrêmes, très secs, très humides, très sombres, dans le sable ou encore le froid.
Rendez-vous le 3 septembre 2023 pour le prochain accueil guidé au cœur de la serre tropicale.