« Je n’ai jamais rêvé d’être astronaute, pompier ou vétérinaire. Être dessinateur, c’était une évidence pour moi », se souvient-il.
Et pour y parvenir, Alfred s’est bien accroché. Enfant de comédiens, il passe des heures à dessiner ses parents pendant leurs répétitions. Adolescent, il arpente les festivals de BD afin de faire découvrir ses fanzines fabriqués à la main aux éditeurs puis crée sa propre maison de micro-éditions à l’âge de 18 ans. Grâce aux dessins qui leur parviennent par fax (nous sommes dans les années 90), les éditeurs suivent ses aventures de loin. Alfred ne lâche rien ! Au bout de deux ans, le pari est gagné, sa première BD Digue (avec le scénariste Corbeyran, 1998, éd. Delcourt) fait son entrée en librairie.
En 2014, son album Come Prima, récit très personnel né d’un séjour de trois ans à Venise, décroche la Fauve d’Or au Festival d’Angoulême. En parallèle, le Festival Regard 9 lui donne carte blanche pour l’exposition « Italiques ». Voilà une belle occasion pour le touche-à-tout de faire ce qu’il aime le plus : « mettre les mains dans le cambouis pour trouver l’outil adapté à l’histoire que je veux raconter ».
Andiamo ragazzo, tu nous amènes où ce week-end ?
« Récemment, on m’a demandé de me prendre en photo dans un endroit dans lequel j’aime bien me cacher. Tout naturellement, j’ai proposé le jardin public.
Lorsque j’ai besoin de sortir un peu de l’habitude, j’y passe un moment à regarder les gens, à dessiner des bouts d’idées dans mon carnet. Depuis longtemps, je songe à réaliser une série sur les jardins publics du monde. »
« Je passe beaucoup de temps dans les libraires et bibliothèques, ce sont des lieux qui m’apaisent. Avec ma fille, nous allons souvent à la Bibliothèque Flora Tristan à Belcier. Le personnel y est de très bon conseil, et on aime se planquer dans un coin de ces locaux vastes pour bouquiner en toute tranquillité.
J’ai toujours aimé le côté magique des bouquinistes et ces livres qui évoquent des choses très lointaines. A côté du Parking Victor Hugo, il y a un endroit très discret qui cache plein de trésors : Au petit coin librairie. Avec le gérant, on peut discuter autant d’art contemporain, de BD, que de littérature et de poésie.
Au cœur du quartier Bastide, il y a une librairie généraliste comme je les aime, la librairie le Passeur. On y trouve un large choix d’ouvrages soigneusement sélectionnés par le libraire avec qui je partage beaucoup d’affinités.
Avec sa programmation un peu en marge et ses spectacles au croisement des genres, le glob théâtre au Chartrons est un lieu que j’affectionne tout particulièrement. Dirigé par un collectif d’artistes, ce théâtre à dimension humaine cultive un vrai métissage culturel.
« Chaque ville devrait avoir un endroit comme celui-ci. N’a qu’1 œil, rue Bouquière, est un laboratoire d’expérimentations autour du livre. Dirigé par des gens suffisamment fous et habités pour permettre d’y faire pratiquement tout ce que l’on veut du moment où on le fait avec sincérité, c’est un lieu incontournable pour moi. J’y ai réalisé des expositions et spectacles que je n’aurais pu faire nulle part ailleurs. »
« J’aime bien arpenter les rues d’une ville de nuit. Au retour de mon séjour à Venise, j’étais à la recherche d’un regard neuf sur ma ville et je suis tombé sur un ensemble de ruelles surprenantes autour du Marché de Lerme (entre le quartier Fondaudège et Saint-Seurin). Pas loin des ruines du Palais Gallien, on trouve des jolies façades recouvertes de végétation, des petites impasses et porches étonnants… Bref, le temps d’une balade, je me suis senti ailleurs. »