La mode des gisants et figurations statuaires de ce type est circonscrite au 13ème siècle. Il est alors courant de se faire représenter priant au-dessus de son lit de mort et en armes. On est chevalier avant tout !
Si cette mode symbolise une croyance absolue dans la vie après la mort, la vocation de ces sculptures était d'inscrire la mémoire du personnage et de la famille dans le temps. Ces gisants en pierre vieux de 800 ans sont d’autant plus rares qu’ils n’ont pas toujours bien résisté aux temps.
Cette pièce est importante, nous dit Laurent Védrine, parce qu’elle incarne une personne réelle, un voisin, un ancêtre, un cousin... Elle est une incarnation qui permet la rencontre émouvante entre un homme surgi des profondeurs de notre passé et le visiteur.
Quelques éléments immédiatement identifiables nous disent qu’il est un chevalier : un écu sur lequel figure un lion couronné - un insigne de famille -, une cote de maille, une épée, un chien acéphale à ses pieds et des éperons très précisément représentés.
Si hélas nous ne savons rien de l’artiste, le gisant reste tout aussi énigmatique. Christian Block, spécialiste des périodes médiévales et modernes, émet l’hypothèse que l’homme serait un seigneur de Curton, descendant d’une grande famille de La Sauve-Majeure. Cette figure priante, exceptionnellement bien conservée, restera sûrement sans patronyme mais raconte l’histoire de l’influente aristocratie militaire de l’Entre deux Mers.
L’origine de la pierre, la provenance du calcaire, le nom du chevalier, le style du statuaire... il reste à n'en pas douter quelques sujets de recherche encore ! Ainsi se penche-t-on, sans pudeur, sur les anfractuosités et replis du bonhomme pour tenter d’y déceler un peu de cette couleur qui devait parer la statue (et non, le Moyen-Âge n'était pas gris !). L’université de Montaigne travaille actuellement sur sa polychromie.
Cette pièce rare ne fait pas partie d’une collection publique. Elle est la propriété d’une famille bordelaise qui la mise en dépôt il y a vingt ans. Tout l’enjeu est d’acquérir ce gisant pour qu’il rentre dans une collection publique ! Il sera alors entretenu, protégé et fera surtout l’objet de nouvelles investigations. Il y a fort à parier que le vieil homme n'ait pas tout dit !
La campagne de financement participatif pour intégrer le chevalier dans le domaine public, c'est par ici, vous avez jusqu'au 27 mars : Sauvegardons le chevalier de curton
Musée d’Aquitaine
20 cours Pasteur - 33000 Bordeaux
musee-aquitaine-bordeaux.fr
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