© Céline Faure
Mais qu'est-ce qui a pu passer par la tête de Akelmus Willelm Affurt pour qu'il vienne planter son château en plein milieu des marais qui bordent le nord de Bordeaux ? Certes, on est au 11e siècle et l'on est moins regardant qu'aujourd'hui sur la qualité de vie mais quand même... Tellement bizarre comme idée que maintenant encore, on reste pantois lorsqu'au détour du sentier, à peine 200 mètres après avoir passé le centre-ville de Blanquefort, on tombe sur ces ruines imposantes, posées aux milieux de prairies humides où paissent quelques vaches goguenardes.
A l'époque, le marécage était nettement plus infranchissable que la barrière où s'affiche un « Propriété privée » moins dissuasif mais suffisamment explicite pour que peu de gens connaissent l'existence du dernier château-fort de la Métropole.
Quasi-invisible sur les radars touristiques, la forteresse de Blanquefort fascine les passionnés d’architecture médiévale par son authenticité préservée. Érigée sur un piton rocheux au milieu d’anciens marécages, elle dominait la route romaine reliant Burdigala (Bordeaux) à Noviomagus en Médoc.
Dès l’âge du bronze, le site attira les populations, comme en témoignent les céramiques et monnaies découvertes lors de fouilles. Son donjon de pierre, construit vers 1080, marqua une révolution architecturale : le « blanqua fortis » (fort blanc), nommé d’après la blancheur de son calcaire, devint un verrou stratégique protégeant Bordeaux.
Transformée par les rois-ducs anglais à la fin du 18ᵉ siècle, la place forte se dote de six tours rondes et d’une enceinte en pierre remplaçant la palissade de bois. Adaptée à l’artillerie sous Charles VII après la guerre de Cent Ans, elle intègre des canonnières et une entrée monumentale surmontée d’un gâble armorié. Abandonnée au 17ᵉ siècle par la famille Durfort-Duras, démantelée sous Mazarin, elle sert même de carrière avant son classement Monument Historique en 1862.
Aujourd’hui entretenue et animée par l’association GAHBLE (Groupe d'Archéologie et d'Histoire de Blanquefort), la forteresse propose des visites guidées sur réservation et une maison du patrimoine exposant boulets médiévaux, carreaux de pavement du 14ᵉ siècle et bijoux anciens. Les chantiers mensuels de restauration permettent aux bénévoles de participer à la sauvegarde du site. Régulièrement, l'animation "Si la forteresse m'était contée" invite à une découverte ludique
Informations pratiques