Culture & patrimoine

La Cité Frugès : Le Corbusier au cœur de Pessac

Nichée dans un quartier calme et résidentiel de Pessac, la cité Frugès est un écrin architectural. Conçu par le célèbre architecte Le Corbusier (Charles-Edouard Jeanneret-Gris de son vrai nom), cet ensemble de 51 maisons fit l’effet d’une petite bombe quand il a commencé à sortir de terre en 1926. A cette époque, on apprécie plus le style néo-classique, les échoppes à la pierre blonde voire, pour les plus modernes, le style art nouveau. Alors quand Le Corbusier offrit aux yeux des bourgeois bordelais des maisons à l’allure géométrique et aux façades colorées, ce fût un véritable scandale ! Mais pourquoi l’architecte a-t-il réalisé cette cité à Pessac ?

Coup de foudre entre l’architecte et l’industriel

Henry Frugès, au début du XXe siècle, est un industriel sucrier. Un jour, en bouquinant la revue « l’esprit nouveau », il tombe sur un article de Le Corbusier. Et là, il découvre les idées novatrices de cet architecte, féru de modernité et soucieux du bien-vivre chez soi. En effet, nous sommes juste après la guerre et la France vit une véritable crise du logement.

Le Corbusier milite pour un habitat de qualité, à moindre coût et à construire en série. Banco ! Henry Frugès appelle l’architecte et lui commande des maisons pour ses ouvriers ! Et c’est à Pessac que ce quartier verra le jour. Pour Le Corbusier, c’est une aubaine car il va pouvoir expérimenter son projet. Les deux hommes, de la même génération, vont s’allier pour faire naître cette cité nouvelle.

 

cité Frugès Crédit : Marie Blanchard

Une architecture et un confort nouveaux

Initialement, le projet était de construire une centaine de maisons. Finalement, elles ne seront que 51, la faute à l’inflation liée aux prémices du crash de 1929. Le 13 juin 1926, quand la cité est inaugurée avec seulement 5 maisons terminées, la bourgeoisie bordelaise est outrée. Et oui ! Pas facile d’accepter ce style résolument nouveau. Le vert, le bleu et le rouge des maisons choquent.

Et ce confort offert à de simples ouvriers fait râler les plus riches ! En effet, les propriétaires des maisons de la cité Frugès ont l’eau courante, l’électricité, une salle d’eau et des toilettes. Alors que dans les grandes demeures bourgeoises, ce n’est pas toujours le cas dans ces années 20. Ainsi, forte de son influence, la bourgeoisie va provoquer l’interruption des travaux de la cité. Celle-ci ne sera terminée qu’en 1931.

cité Frugès © Nikolas Ernult

La cité Frugès aujourd’hui

Depuis les années 80, la cité Fruges est un quartier protégé. Elle est même classée au patrimoine mondial de l’humanité depuis juillet 2016. Désormais, les personnes qui y vivent doivent donc respecter le projet architectural de Le Corbusier. Malheureusement, avant ces contraintes patrimoniales, elles ont eu le temps de modifier leurs maisons à leur guise. Ainsi, certains toits terrasse ont été transformés pour devenir pentus par exemple.

Aussi, les couleurs d’origine ont parfois disparu. Mais les propriétaires n’ont pas de délai précis pour effectuer les travaux de restauration nécessaires. Ainsi, ils ont le temps et pas de pression…Aujourd’hui, 28 maisons ont été restaurées dans leur aspect d’origine. Et se balader dans ces rues est un régal pour les amateurs d’architecture ! On admire alors les cinq types de maison imaginées par Le Corbusier : les maisons en quinconces, à arcade, les « gratte-ciel », les maisons jumelles et la maison Vrinat. La ville de Pessac a fait l’acquisition d’une maison « gratte-ciel » permettant ainsi de visiter l’intérieur.

Vous avez envie de voir, de l'intérieur, à quoi ressemble une maison conçue par Le Corbusier ! La ville de Pessac organise régulièrement des visites guidées de la cité Frugès.

Si vous avez opté pour le vélo en allant visiter la cité Frugès, restez sur votre lancée et poursuivez avec une randonnée cycliste autour de Pessac et Mérignac !

Découvrez aussi la fascinante histoire de la cité Frugès grâce aux podcasts de la ville de Pessac. Une expérience sonore sensible en 6 épisodes pour aborder tout ce qui fait la singularité de son architecture.

©Guillaume Roustaing
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