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À ces anciens édifices dédiés au négoce – parmi lesquels la maison familiale de Montaigne – se mêlent une dizaine de fresques, rythmant les arcades de la rue.
Matthieu Notte - dont l’atelier de tatouage est au n°63 - a lancé l’initiative. Sur la scène street art, Notte signe sous le blaze « Crewer ». Son intention ? Offrir quelque chose aux riverains. Il fait alors venir ses amis artistes, qui ont carte blanche sur leurs expressions.
Jean Rooble, Ben Trakt, Charles Foussard, Lilee Imperator, Miaous, Kendo Deuxglik, Mika, Selor, Jone, Gaspar, Maud Dardeau, Costah, Sair, Saez, Eno, Aerosept… Tous ont répondu présents et d’autres sont à venir. D'ailleurs, cela a créé du lien et beaucoup d’échanges entre les habitants et les artistes.
Lorsque les bâtiments n° 19 et 21 s’effondrent en 2021, une dent creuse nait dans le paysage urbain. Afin de panser ce sinistre souvenir, la ville contacte les galeries d’art 5un7 et Pôle Magnetic. En octobre 2023, les artistes Landroïd et Vincent Sereks, membres du collectif 1000 m², imaginent donc « Château Rousselle ».
Le dénominateur commun : le Pixel art. En bref, ce sont les couleurs qui façonnent les images. Les ouvriers / animaux travaillent sur un chantier imaginaire. Plus haut, des canevas affichent quelques interprétations du Château Rousselle. Autrement dit, l’œuvre est imaginée pour apporter une énergie réparatrice.
Côté palissade, d’autres graffeurs ont aussi marqué leur territoire. Passer trop vite serait perdre l’opportunité de comprendre les débuts du graffiti…
Tout d'abord, on les appelle des dubs ou des throw ups. L'astuce pour les reconnaître : les lettres en forme de bulle, une couleur privilégiée pour le remplissage, une autre pour la bordure. Parfois un fond coloré. L’idée pour les writers : réaliser une peinture rapide, facile à lire, à reproduire, et faire du volume.
La rue a aussi vu apparaître les lettres block et le style sauvage, chacun avec ses traits distinctifs. Par exemple, pour les non-initiés, le style sauvage est illisible, son lettrage semblant jaillir du support ou encore s’enflammer.
À quelques encablures, la place du Palais continue d’être prisée des street artistes. Repérez d'emblée les œuvres plus discrètes de Diamantaire et Céramique F2B. Elles font écho au travail du célèbre Invader. En effet, dans sa bio, l’artiste explique vouloir « libérer les Space Invaders de leurs écrans de jeux vidéo et donner corps au pixel en le remplaçant par des carreaux de mosaïques. » Lui aussi, s'exerce au Pixel art.
Remarquez les spots privilégiés par les artistes. Se placer dans un axe fréquenté - ou à côté d’une plaque de rue sur laquelle des yeux viendront se poser - révèlent leurs intentions : être vus.
Beerus, personnage majeur du manga Dragon Ball, se délecte d’un donut… Il paraîtrait que l’auteur de la peinture, Zarb Fullcolor, en est amateur. Les figures hybrides du duo Noty Aroz et le renard d’A-MO ont également marqué la place de leur présence.
Rue du Cerf-Volant, une collab surréaliste et colorée entre Charles Foussard et Migwell égaye les lieux. Plus loin, un pochoir signé Nasty a survécu au temps rue du Loup. Un œil vous surveille quelque part entre la rue des Ayres et la place Fernand Lafargue...
Enfin, rejoignez la cathédrale par la rue Porte Basse. Ici, deux célèbres noms du street art de la scène locale sont intervenus : Monsieur Poulet et Alber. Entre les gags insouciants du facétieux volatile et le visage veilleur et signature d’Alber, vous voici emportés dans d’autres univers. La balade s'achève à l'intersection de la place Pey-Berland et de la rue du Loup. En levant les yeux, voyez la mosaïque représentant l'animal.
Peinture à main levée, usage de la mosaïque, collage, pochoir, Pixel art, matériaux recyclés… Voici en somme un itinéraire street art vous menant à la découverte d’une multitude de techniques. Car l’art urbain est aussi le champ des possibles.