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Bacalan à l’heure américaine

Quand beaucoup perpétuent la forte tradition sportive de Bordeaux avec le football et le rugby, d’autres s’évertuent à faire vivre une niche au charme plus personnel. C’est le cas des Lions de Bordeaux, le jeune club de football américain de Bacalan. Un sport méconnu en France, et qui bénéficie de peu de visibilité dans notre ville.

N’en déplaise à Pierre de Coubertin, le sport est injuste. Tant de disciplines ont une puissance dramatique quasi nulle. Vous avez en tête une action historique de curling ? Un coup d’éclat dans la retenue monochrome du judo ? Ok très bien, vous marmonnez de dépit devant cette affirmation, mais dites moi combien de films ont été faits sur ces compétitions ? Et il y a ces autres sports, ceux qui entretiennent tant la brillance naturelle, les retournements de situation et les héros d’un match qu’il est difficile de les ignorer même si on ne comprend pas les règles. Ces sports où l’adrénaline prend le dessus sur le détail technique. L’euphorie d’un but dans les arrêts de jeu au football, les frimas d’un élégant et mortel passing shot aux confins d’un échange marathon au tennis, le slalom d’une échappée folle au rugby. Ces moments qui provoquent des frissons même 20 ans après quand on revoit les images… Et encore au dessus de ces sports là, il y a ceux qui semblent avoir été inventés par des scénaristes d’Hollywood. Dans cette catégorie, il n’y a que trois disciplines : le 100 mètres, le football américain et la belote coinchée.

DANS L’OMBRE DES SPORTS TRADITIONNELS

Bref, il y a 224 clubs de football américain en France (et 22962 licenciés, contre 2 135 193 pour le foot, pour vous donner une idée). Ce qui place ce sport dans deux situations diamétralement opposées : à la fois condamné pour toujours au sport de niche dans notre pays, mais avec bien trop de gens intéressés pour être ignoré. Trois de ces clubs sont à Bordeaux. Dans l’ombre de l’équipe historique de la métropole, les Kangourous de Pessac, mais aussi des Devils de Cenon, les Lions de Bacalan entretiennent un autre profil : un club de cols bleus où l’esprit de famille prévaut. Pour nous en parler, deux membres de ce club né en 2008 : Cédric Chaumont, trésorier joueur, a commencé le foot américain à 28 ans et fait déjà figure d’ancien. Lou Pierrot, elle, participe à la toute jeune équipe féminine des Lions, récemment vice championne de France. Interrogés sur les a priori qui collent historiquement à leur sport, ils nous répondent surtout en parlant de passion.

photo : Lions Bordeaux

Rencontre avec Lou Pierrot et Cédric Chaumont, joueurs aux Lions

Il y a encore dans votre sport un sentiment d’être un pionnier, ici en France. C’est cool de savoir que tu fais un sport où tu as l’impression qu’il t’appartient encore ?

Lou : c’est vrai, tout le monde a le sentiment d’avoir sa place. Tout le monde donne son maximum, il y a un vrai esprit club. Tout est fragile, il faut se battre pour subsister.

Le plus grand a priori chez les gens qui ne connaissent pas le foot américain, c’est la comparaison avec le rugby, et que les « règles sont compliquées » alors que finalement elles sont plus simples chez vous.

Cédric : Le jeu de base est plus simple, en effet. Tu fais une passe en avant, tu attrapes le ballon, tu es plaqué, tu t’arrêtes. Le foot américain, c’est juste un jeu de « gagne terrain » en réalité.

Lou : Il y a un côté très stratégique, mais ce n’est pas inaccessible. Il faut juste prendre le temps d’expliquer. Les Boxers ont fait ça au hockey : avant chaque match, ils montrent une vidéo sur les écrans de la patinoire où ils expliquent les règles.

photo : Lions Bordeaux
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