Claveau : cité-jardin endormie sur de sombres souvenirs…
Auparavant domaine viticole, le Château Claveau et ses alentours devinrent durant la dernière guerre la zone de résidence de l’armée allemande. Six blockhaus y furent construits, conçus, tout comme la base sous-marine, pour résister à toute tentative de destruction - pas moins de 4 mètres d’épaisseur de béton pour les plafonds et 1 mètre 50 pour les murs !
À la fin de la guerre, le Château Claveau fut rasé par l’occupant, mais les ouvrages militaires, indestructibles, restèrent en place. Après-guerre, pour répondre à la crise du logement, on construisit des habitations sociales sur l’ancien domaine, entre les blockhaus, mais on y fit le choix, à contre-courant de la mode des grands ensembles, d’y inventer une cité sans tours, une « cité-jardin ».
Constituée de maisons mitoyennes et de jardins ouvriers, elle fut bientôt surplombée par le Pont d’Aquitaine. Au fil des ans, de nombreux habitants sont devenus propriétaires de leurs logements, et cette petite cité excentrique et excentrée a vieilli dans son coin.
Cité nouvelle de la transition urbaine !
En 2008 Bordeaux Métropole et Aquitanis, qui a la gestion du parc locatif, ont décidé d’un vaste programme de réhabilitation et de revitalisation de la Cité Claveau, qui tienne compte du passé, redonne leurs lettres de noblesse aux jardins et permette une appropriation positive des blockhaus.
En réponse à cette attente a vu le jour l’association PLATAU (Pole Local d’Animations et de Transitions par l’Agriculture Urbaine), qui rassemble des porteurs de transitions, des habitants, des entreprises dans un objectif commun : inventer la ville de demain, y cultiver le vivant sous toutes ses formes.
Dans une organisation horizontale, coopérative et inventive, l’asso investit les lieux depuis juillet 2018 : ateliers et rencontres se mettent peu à peu en place, les bâtiments et même les blockhaus trouvent leur utilité… Mais que faire de ces blocs de béton hostiles et sombres ? Profiter de la température ! Élever du vin urbain ! Faire pousser des champignons ! Claveau retrouve sa vocation pionnière, celle de faire du passé un jardin, d’inventer de nouvelles manières de vivre…et ce n’est que le début !
Les Chais du Port de la Lune : les vins les plus culottés de Bordeaux !
Pour oser faire à Bordeaux un vin bio « de partout », assemblage de raisins provenant de différents vignobles, il fallait une vision, de la foi, du culot et… des raisins bio. Pari relevé par deux amis, Annica et Laurent, jeunes professionnels du vin.
Ensemble ils rêvaient d’exercer leur savoir-faire sans acheter de domaine, pour créer des vins comme les micro-brasseries créent des bières, sans identifier l’étiquette à un terroir donné, mais en sélectionnant des raisins pour leur typicité, leur qualité, de leur expression singulière du terroir, afin d’assembler au goût un vin de création pure.
En 2017, ils sont allés vendanger chez les copains, vignerons engagés dans les Corbières, à Madiran, dans le Beaujolais, dans les côtes de Blaye, et ont fait le plein de raisins bio, qu’ils ont rapportés et vinifiés dans leur garage. Ainsi est née la cuvée Prélude, premier-né, un authentique vin de garage Cabernet Sauvignon-Syrah-Merlot… Un « vin de France » étonnant, solide, élégant, équilibré et puissant, livré en solex aux restaurateurs bordelais complices et aux particuliers curieux.
Cet été, ils ont installé leurs 5 cuves de vinification à Claveau, logeant leurs trente barriques dans le bunker pour profiter de son inertie thermique, et passeront de 1600 à 8000 bouteilles. Un blanc est en prévision. Avis aux artistes qui se sentiraient inspirés pour créer des étiquettes, ils ont carte blanche !
Clav’O Champignons : la pleurote de blockhaus, votre prochaine tendance culinaire !
Tarik Toubal est géochimiste de formation ; après avoir travaillé aux Nations Unies et à l’université de Québec, il a quitté la théorie pour « toucher le vivant », s’est fait apiculteur, puis s’est intéressé aux champignons « parce que c’est compliqué » et a tout quitté pour aller apprendre auprès d’un cultivateur canadien qui montait sa ferme aux champignons : il y a fait une année de « woofing » (réseau mondial de fermes biologiques) pour maîtriser technique et connaissances.
De retour en France il a démarré son activité sous serres, et le voici locataire, depuis la rentrée, d’un ancien bunker allemand de 158 mètres carrés situé avenue de Labarde, où vont bientôt s’épanouir sur des bottes de paille venues de l’Entre-deux-mers une ribambelle de champignons décomposeurs : pleurotes, shiitakés, erigii, enoki.
À l’extérieur, il va démarrer une production de morilles et de strophaires. Production annexe : le biocompost issu des bottes de paille, qui contient encore le précieux mycellium qui va aider plantes et arbres à se développer.
Au plus près du vivant, Tarik vise le zéro déchet et étudie un système de géothermie pour tempérer son blockhaus… Pour lui acheter des champignons, passez au blockhaus de l’avenue de Labarde ou retrouvez-le aux Capucins les samedi-dimanche, au marché bio de Pessac le mardi matin… Et faites-le parler, il est passionnant !
L@bx, des geeks au service d’un monde meilleur !
Acronyme de LabBordeaux, L@Bx se prononce « Labix » : c’est l’étendard, un brin pirate, d’un groupe de 250 adhérents, bidouilleurs, geeks, créatifs, adeptes du logiciel libre et de l’échange tous azimuts.
Tout projet farfelu ou étonnant peut être soumis à leur inventivité, particulièrement ceux qui œuvrent pour un avenir meilleur. Un apiculteur, venu les voir pour trouver une solution au cambriolage de ses ruches (oui, ça existe) a non seulement trouvé sa solution (un système de pesée avec alerte à distance sur son mobile en cas de mouvement) mais se retrouve au cœur d’un projet d’expérimentation bien plus vaste…
Les geeks de L@Bx se sont passionnés pour les données recueillies et ont constaté que leur système d’alarme permettait d’identifier quelques heures à l’avance le moment de la migration de le reine : l'apiculteur averti, plus de perte d’essaims ! Depuis cette collaboration, Le programme OpenBeeLab, premier système de données pour les ruches, est en expérimentation. C’est pour ces synergies avec d’autres associations soucieuses du vivant et de l’écologie qu’ils ont choisi PLATAU, où se dérouleront bientôt rencontres et ateliers.
Tous aux abris : les hérissons, abeilles et chauve-souris ont besoin de nous.
L’association "Tous aux abris" est destinée à la sauvegarde des « liminaires », les animaux sauvages qui vivent dans la proximité immédiate de l’homme et accomplissent bien des choses indispensables à l’écosystème : les abeilles bien sûr, mais aussi les hérissons et les chauve-souris !
La première chose dont ces animaux ont besoin ? Des abris. L’association est l’un des rares détenteurs en France d’une découpeuse à commande numérique, équivalent menuisier de l’imprimante 3D. Après programmation, la machine découpe dans une planche de contreplaqué toutes les formes complexes et rainurées qu’on lui demande, ce qui permet de produire les pièces emboîtables d’abris ou de ruches « en kit » qu’on n’a plus qu’à assembler !
L’association propose également des modèles de ruches et d’abris à construire en menuiserie plus classique, à partir de recyclage palettes, par exemple. Surveillez le programme si vous êtes un particulier, et n’hésitez pas à ou demander l’organisation d’un stage si vous êtes une entreprise ou une association !
D’autres porteurs de transition de PLATAU
Compagnons bâtisseurs d’Aquitaine