Lunettes de soleil vissées sur la tête, visage souriant, trogne affable... Emmanuel Moreno affiche avec superbe une sereine bonhomie. Il faut dire que son quotidien, il le passe à sillonner le fleuve. De Stalingrad au Bas Lormont en passant par Les Quinconces, Les Hangars et La Cité du Vin, il assure à bord de l’un des trois bateaux-bus une navette quotidienne entre les deux rives. Au total, ils sont six de cet acabit, six capitaines et autant de matelots à assurer la liaison entre ces différentes escales.
Mais comment devient-on pilote ? « Un peu par hasard. C’est une reconversion. J’ai bossé dans la photographie, puis la téléphonie. J’en ai eu marre. J’ai eu l’opportunité de faire une formation intensive. Et voilà », récapitule Emmanuel Moreno. Devant lui, un tableau de bord truffé d’une kyrielle d'étrangetés pour tout novice : un compas de navigation, un joystick de gouvernail, un radar, une radio et une foule d’autres curiosités.
Lorsqu’on lui demande si quand même, ce n’est pas plus acrobatique de naviguer sur la Garonne qu’ailleurs ? Emmanuel répond avec un brin de malice : « Je ne connais que la Garonne. Je ne trouve pas. Le courant nous sert à nous guider ».
Dans ces traversées quotidiennes, il voit les berges se métamorphoser, aperçoit des oies, des ragondins, des canards, des poissons et des oiseaux. « Je croise des petits pêcheurs aussi. Le paysage et la lumière changent chaque jour.
Le matin, il y a pas mal d’habitués qui montent à bord pour aller travailler. C’est quelque chose que j’apprécie. » Il faut dire qu’en termes d’efficacité, le BatCub est assez imbattable. Entre Stalingrad et les Quinconces, le trajet se fait en cinq minutes, bien plus rapidement qu’en voiture ou en tramway.
Avec ses 320 000 voyages annuels et un bon de 30% d’usagers en un an, il y a fort à parier qu’ils soient plus nombreux encore à adopter prochainement ce moyen de transport aussi apaisant, qu’insolite et efficace !